Google achète l’accès aux noms de domaine en .app en mettant 25 millions de dollars sur la table, la firme de Mountain View a fait main mise sur le marché des noms de domaine pour sites d’applications, dont les préventes commencent. Un enjeu important pour elle.
Google voit grand. En 2015, le géant américain a déboursé plus de 25 millions de dollars pour l’acquisition d’une extension de noms de domaine: le .app. La somme est la plus importante jamais investie dans une vente aux enchères organisée par l’ICANN, une autorité de régulation d’Internet. Pourquoi un tel choix? Le .app n’est pas anodin surtout pour le propriétaire du Play Store, la plus grosse plateforme d’applications avec 3,6 millions de références en 2017. Google jouera donc le même rôle que l’AFNIC, le registre de domaine de premier niveau du .fr, mais pour le .app.
Cette gestion donne un pouvoir non-négligeable au moteur de recherche. Il pourra référencer facilement les sites d’applications et proposer des bouquets de services aux développeurs Android. De plus, les noms de domaines sont mis à la vente et rapporteront donc de l’argent à la firme. Cette dernière constitue par la même occasion une base de données qui recense tous les propriétaires de noms de domaine en .app. Une mine d’informations qui réunit, entre autres, noms, prénoms, adresses e-mail, numéros de téléphone et adresses postales.
Sur son blog, Google détaille les avantages d’avoir un tel nom de domaine. Outre la communication plus facile vers les clients avec une adresse URL de type nomdelappli.app, la firme leur promet une sécurité renforcée. En effet, l’utilisation du protocole HTTPS est obligatoire sur cette extension. Google explique que cela protège notamment le site de l’espionnage sur les réseaux Wi-Fi ouverts ou des logiciels malveillants.
Les noms de domaine en .app sont en prévente jusqu’au 7 mai prochain pour les membres du Early Access Program. Le 8 mai, l’extension sera accessible à l’ensemble des internautes par le biais de registrars, des intermédiaires entre propriétaires et clients, comme OVH ou Gandi.
Les extensions de noms de domaine, un enjeu décisif
Google n’en est pas à sa première extension. Il détient un catalogue fourni de termescomme .ads, .eat, .here ou encore .meme. Amazon qui convoitait aussi le .app lors des enchères, détient par exemple le .buy («acheter» en anglais). Comme l’explique Nathalie Dreyfus, conseil en propriété industrielle, «la monopolisation d’une telle extension procure un avantage concurrentiel difficilement défendable». Les acteurs économiques qui possèdent ce pouvoir peuvent en tirer des profits financiers et publicitaires conséquents.
L’AFNIC indique sur son site que «le succès de l’exploitation [d’une extension, ndlr] est lié à deux facteurs extérieurs: la prise en compte de la nouvelle extension par les moteurs de recherche et la promotion orchestrée par les registres [ceux qui détiennent les extensions]». Deux facteurs que maîtrise Google sur le bout des doigts: il est le leader des moteurs de recherche et règne en maître avec Facebook sur la publicité en ligne.